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5 avril 2016

LE FN ET LE SCANDALE PANAMA PAPERS ??!!!.

Edition spéciale de Mediapart sur le scandale de Panama du FN. Quand la politique est aussi un business familial. 

Après les révélations du Monde, ce mardi, concernant plusieurs proches de Marine Le Pen et leurs montages financiers, le Front national tente d'éteindre l'incendie et affirme que ni le parti, ni sa présidente ne sont « concernés » directement par ces affaires.

Voilà Marine Le Pen à nouveau contrainte de faire réagir les siens à des affaires financières touchant son premier cercle. Les révélations du Monde et des « Panama papers » apportent un nouvel éclairage sur deux dossiers : celui du financement des campagnes frontistes en 2012 et celui d'un « trust » détenu officiellement par le majordome de Jean-Marie Le Pen. 

Ces deux affaires – révélées par Mediapart en 2013 et 2015 –, font actuellement l’objet d’enquêtes judiciaires, la première ouverte en avril 2014, la seconde en juin 2015. En travaillant à partir de la plus grande fuite de documents de l'Histoire, en provenance du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétésoffshoreLe Monde et le Consortium international des journalistes (ICIJ) ont apporté de nouveaux éléments sur ces deux dossiers et leurs protagonistes. 

Ces informations soulignent, à nouveau, les contradictions entre le discours de la présidente du FN – défendant le « patriotisme économique » et fustigeant la « finance mondialisée » –, et la pratique de plusieurs membres de son entourage.

  • Le système offshore de proches de Marine Le Pen

Le Monde révèle un système sophistiqué de « dissimulation d’avoirs financiers », organisé dans des centres offshore, entre Hong Kong, Singapour, les îles Vierges britanniques et le Panama, par des très proches de Marine Le Pen : Frédéric Chatillon, prestataire principal du FN en 2012 avec sa sa société de communication Riwal, etNicolas Crochet, qui a été en 2012 l’expert-comptable des candidats frontistes et un conseiller économique de Marine Le Pen. Tous deux sont mis en examen dans l’enquête judiciaire sur le financement des campagnes de 2012 du Front national, qui vient de se terminer. Les juges reprochent à la société Riwal d’avoir octroyé au FN et au micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne, des « dons déguisés » par le biais de surfacturations (lire nos explications ici).

Frédéric Chatillon accompagnant Marine Le Pen lors de son voyage en Italie, le 22 octobre 2011 © Capture d'écran d'un documentaire de Canal Plus.Frédéric Chatillon accompagnant Marine Le Pen lors de son voyage en Italie, le 22 octobre 2011 © Capture d'écran d'un documentaire de Canal Plus.

Le Monde apporte un nouvel élément important : au printemps 2012, Frédéric Chatillon s’est organisé, « avec le concours de Nicolas Crochet, pour faire sortir 316 000 euros de la société Riwal et du territoire français ». Le quotidien relève la concomitance de cette sortie d’argent avec les campagnes électorales de 2012 « Juste après l’élection présidentielle et moins d’un mois avant les élections législatives. » M. Chatillon, lui, affirme que l’argent investi n’a pas de lien avec les rémunérations perçues lors de ces campagnes électorales.

D’après nos confrères, cet argent a été sorti de France « au moyen de sociétés-écrans et de fausses factures » et « avec la volonté d’échapper aux services antiblanchiment français ». Les magistrats chargés de l’enquête sur le financement du FN, Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi, ont un temps soupçonné que cet argent ait pu retourner au Front national, mais l’enquête ne l’a pas établi.

Devançant ces révélations, Frédéric Chatillon a assuré, lundi soir sur son compte Facebook, qu'il s'agissait d'un investissement « en toute légalité en Asie ». « Bien évidemment, le Front national n’a rien à voir ni de près ni de loin avec cette affaire privée », a-t-il affirmé.

Vieil ami de fac de Marine Le Pen et ancien chef du GUD, un groupuscule d'extrême droite aux méthodes violentes, M. Chatillon s'est reconverti en chef d'entreprise en créant, en 1995, son agence de communication, Riwal. Cette société est devenue le principal prestataire des campagnes du FN en 2012, comme Mediapart l'avait mis en évidence. Elle est aussi au cœur de l'enquête sur le financement des campagnes frontistes. Frédéric Chatillon comme Nicolas Crochet apparaissaient d'ailleurs dans l'organigramme de l'équipe de campagne frontiste aux législatives de 2012 :

 

Organigramme obtenu par Mediapart.Organigramme obtenu par Mediapart.

 

D'autres anciens du GUD proches de Frédéric Chatillon sont devenus prestataires du Front national ou ont obtenu des postes au sein du micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne(lire nos enquêtes sur cette « GUD connection » ici ou ). Parmi eux, Axel Loustau, associé de M. Chatillon devenu trésorier de Jeanne, conseiller régional FN et, tout récemment, patron de la fédération frontiste des Hauts-de-Seine.

  • Argent caché en Suisse : le « trust » du majordome de Jean-Marie Le Pen

En avril 2015, Mediapart avait révélé l'existence d'un « trust » géré en Suisse, dont le bénéficiaire économique était Gérald Gérin, assistant personnel de Jean-Marie Le Pen, et trésorier de son micro-parti Cotelec. Ce « trust », Balerton Marketing Limited, était basé aux îles Vierges britanniques, et géré depuis Genève par l'avocat Marc Bonnant. 2,2 millions d’euros, dont 1,7 million sous forme de lingots et de pièces d'or, avaient été déposés au nom de ce trust à la HSBC puis à la Compagnie bancaire helvétique (CBH). 

Le Monde a retrouvé cette société offshore dans ses « Panama papers » : Balerton Marketing Limited apparaît sur les fichiers de la firme panaméenne Mossack Fonseca, sous le numéro d’immatriculation 416881 (lire notre article).

Au moment de nos révélations, Gérald Gérin avait contesté être l'ayant droit de ce trust et indiqué à Mediapart qu'il allait « demander des explications » à MM. Le Pen et Bonnant. L'assistant du fondateur du FN reconnaît désormais être l'ayant droit de ce trust, mais affirme que cela n'a « rien à voir avec Jean-Marie Le Pen ». Ces éléments sont entre les mains de la justice : le Parquet national financier a ouvert en juin 2015 une enquête pour « blanchiment de fraude fiscale ».

« Je ne vois pas ce qu'il y a d'illégal »

Anticipant ces révélations, le Front national a tenté de déminer le terrain dès lundi après-midi, avec un premier communiqué de presse sur « les prétendues “révélations” autour du scandale des “Panama papers” » qui n’auraient « fondamentalement rien de nouveau » et seraient « symptomatiques des vices d’un système », la « mondialisation sauvage ».

Lundi soir, le parti frontiste dégainait un second communiqué intitulé « Panama papers : mise en garde », à l’attention des journalistes « tentés de relayer des rumeurs ».« Le Front national n’est pas impliqué dans l’affaire des “Panama papers” et ne tolérera pas que des amalgames scandaleux soient faits sur son dos », insistait le FN, en promettant d'éventuelles « poursuites judiciaires contre tous ceux qui se compromettraient dans la diffamation la plus grave ».

Parallèlement, Frédéric Chatillon avait pris les devants lui aussi en publiant, lundi après-midi, un communiqué sur sa page Facebook concernant ses investissements en Asie.« C’est vrai que le sujet est sexy et ma proximité avec le FN le rend encore plus », ironisait-il. Mardi, dans une nouvelle publication, il a réaffirmé que ces opérations étaient « légales » et a agité lui aussi la menace de poursuites en diffamation à l'encontre des « "journalistes" qui privilégient le sensationnel à la vérité ».

Marine Le Pen, elle, est restée silencieuse, préférant envoyer les cadres dirigeants du parti sur les plateaux télé pour expliquer que le Front national « n'est absolument pas en cause » dans ces affaires. Le numéro deux du parti, Florian Philippot, a répété lundi soir puis mardi midi, sur i-Télé, que « ni le Front national, ni Marine Le Pen [n'étaient] concernés » directement par ces informations. Le vice-président du FN s'en est pris aux médias « qui essaient absolument de parler du Front national et de Marine Le Pen »« Marine Le Pen n’a pas de compte offshore, ni au Panama, ni ailleurs »« le FN est un parti pauvre », a-t-il expliqué. Quant à l’affaire concernant Jean-Marie Le Pen, il a fait valoir que le fondateur du FN avait été exclu du parti en août 2015.

« On nous promettait un scoop. En réalité la montagne accouche d'une souris », a raillé de son côté Nicolas Bay, le secrétaire général du FN, sur BFMTV. « Tout ce qui est évoqué dans les colonnes du Monde a déjà été analysé dans le cadre du financement du micro-parti Jeanne, et on n’y a rien trouvé à redire. » Même discours du sénateur et maire de Fréjus, David Rachline, qui s'est dit sur Public Sénat « extrêmement serein » car « aucun élu ni dirigeant actuel du Front national n'est concerné par ces affaires ».

Sur France Info, le trésorier du FN, Wallerand de Saint-Just, a dénoncé une « opération de gigantesque intoxication », en renvoyant la balle, comme d'autres cadres frontistes, vers leurs adversaires politiques :

 

 

 

 

 

 

Le vice-président du FN Louis Aliot s’est lui fendu d’un tweet, sans s’exprimer sur le fond :

 

 

En 2013, il avait été plus bavard lorsque les mêmes médias avaient révélé les deux sociétés offshore du trésorier de François Hollande, Jean-Jacques Augier. Dans un communiqué, M. Aliot avait alors dénoncé la « gauche caïman », « totalement imprégnée de l’esprit de la finance mondiale ».

 

Marine Le Pen avec Frédéric Chatillon et Axel Loustau (à droite), en novembre 2013, à Paris. Dossier Figaro Magazine (mai 2014). © Julien Muguet / IP3 Press / MaxPPPMarine Le Pen avec Frédéric Chatillon et Axel Loustau (à droite), en novembre 2013, à Paris. Dossier Figaro Magazine (mai 2014). © Julien Muguet / IP3 Press / MaxPPP

 

Depuis lundi, les cadres dirigeants du FN tentent surtout de minimiser le rôle de Frédéric Chatillon. David Rachline estime qu'il s'agit de « prestataires du Front national, qui n'ont donc rien à voir avec le Front national ». « Une agence de communication et un parti politique, ce n'est pas la même chose », a souligné Florian Philippot.

 

 

Pour autant, le parti frontiste ne se désolidarise pas de ce proche de Marine Le Pen. « Ce n'est pas parce que [Frédéric Chatillon] est cité qu'il est coupable. [...] Pour l'instant, je ne vois pas ce qu'il y a d'illégal », a assuré David Rachline. « Il s’agit du fournisseur des candidats du Front national aux différentes élections et nous l’assumons totalement », a déclaré Nicolas Bay.

Florian Philippot a même invité « tout le monde à aller voir la page Facebook de Frédéric Chatillon, tout est parfaitement légal »« Je laisse la justice faire l’enquête. Personne n’a été condamné, je ne me fais pas justicier avant les juges », a insisté le bras droit de Marine Le PenWallerand de Saint-Just estime d'ailleurs qu'« on n'a pas besoin de se désolidariser de Frédéric ChatillonC'est un homme d'affaires, il a fait des bénéfices en France et il les a investis à Hong-Kong tout à fait légalement. Nous ne le savions pas, ce sont ses affaires ».

La présence de Frédéric Chatillon et plusieurs anciens du GUD parmi les prestataires du FN ou responsables du micro-parti Jeanne a toujours été assumée par le trésorier du FN. « Eh ben voilà, les copains ! », rétorquait à Mediapart Wallerand de Saint-Just en 2013C’est comme ça qu’on travaille, avec des amis. Comme Philippe Péninque [conseiller officieux de Marine Le Pen et ancien chef du GUD – ndlr] l’a dit, “nous avons été des parias, donc nous nous sommes entraidés”. »

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