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npa aube
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9 janvier 2015

JE SUIS AHMED ET JE PARLE ICI........

Je ne suis pas Charlie. Je me moque de Charlie. J’aurais préféré que Charlie meure et que Ahmed, Bernard et Oncle Bernard, Elsa, Franck, Fréderic, Georges, Jean, Michel, Moustafa, Philippe, Stéphane vivent. Quelle que soit l’horreur perpétrée, il ne faut pas dévier de la ligne directrice : A qui profite le crime ?

A Charlie Hebdo peut-être. Charlie Hebdo va beaucoup mieux depuis que 2 lâches imbéciles ont décidé de redonner vie à ce journal moribond. Et aujourd’hui, il n’est question que de lui. Parmi la foule qui pleure Charlie, qui pourrait nommer les 12 victimes ?  

Pourtant, une femme et 11 hommes ont été assassinés.

Qui connaît Ahmed Merabet ?

 

 

Dans cette affaire, il ne devrait être question que de lui. Il est le seul que l’on a tous vu mourir. Lui ? C’est un policier musulman qui aurait pu se planquer en attendant les renforts. C’est un policier courageux qui va intervenir pour attirer l’attention sur lui et protéger le reste de la population. C’est un policier qui va se faire tuer pour défendre le droit d’une bande de potaches d’insulter sa religion.

On a donné des légions d’honneur pour moins que ça. Dans le pays de la liberté d’expression raciste, est-ce qu’un maire refusera de l’inhumer sous prétexte qu’il est musulman ? 

Alors aujourd’hui, jour de deuil mais aussi d’union nationale, je suis Ahmed.

Le crime profite bien sûr aux islamophobes de tout poils :

  • les islamophobes intégristes qui ont pignon sur rue maintenant
  • les islamophobes occasionnels, ceux qui pratiquent sans aller à la messe, les fameux « il ne faut pas faire d’amalgame »
  • les islamophobes non-pratiquants, ceux qui feignent d’oublier que la victime est le plus souvent musulmane et ne se rappellent que de la prétendue religion du bourreau désigné.

Et parmi eux, ceux qui ont oublié que parmi les victimes, il y avait dans la salle de rédaction de Charlie Hebdo, un correcteur,Moustapha Ourrad

Alors aujourd’hui, jour de deuil mais aussi d’union nationale, je suis Mustapha.

Le crime profite enfin aux politiciens en mal de notoriété. Alors il est question de déchéance de la nationalité, de peine de mort même. Eux, ils sont faciles à reconnaître, ils osent tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.

Ils ont osé s’en prendre à un gamin de 18 ans. Elève en terminale S au lycée Monge de Charleville-Mézières, il n’aspirait qu’à passer son bac. Il représente l’avenir de cette nation que l’on prétend unifiée face à la barbarie. L’appareil d’Etat, médias y compris, vient de détruire sa vie. Qui s’en soucie ? Ah, j’oubliais… il s’appelle Mourad Hamyd. Il est musulman.

Au moment des meurtres, il était tranquillement à l’école avec ses camarades de classe. Peu importe pour la D.G .S.I. de Valls, il est le beauf alors il doit être le meurtrier de Cabu. Il fut alors désigné à la vindicte nationale. Et pas un professeur, même en survêtement, pour le défendre ! Heureusement, ses camarades de classe étaient là au nom de la liberté, l’égalité et la fraternité qui restent encore les valeurs de référence de ce pays, n’en déplaise aux partisans d’un Patriot Act à la française.

Alors aujourd’hui, jour de deuil mais aussi d’union nationale, je suis Mourad.

Pourtant il y a peu de chances que Charb, Cabu et les autres auraient cautionné cette union sacrée islamophobe. Philippe Val peut-être, Caroline Fourest sans doute mais pas eux ! Alors tout ce délire sécuritaire, en leur nom, c’est dégueulasse.

Lien article : http://blogs.mediapart.fr/blog/highercta/080115/je-suis-ahmed

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